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Pérégrinations au Musée de la communication

*texte écrit pour une communication orale*

Que ce passera-t-il à présent? J’en sais fichtre rien. Mais je ne vais pas l’oublier de sitôt, cette rencontre inattendue. En travaillant au Musée de la communication, un couple de Romands de la cinquantaine me demande si je peux les aider à déchiffrer un timbre avec oblitération, qu’ils avaient emmené avec eux dans une fourre plastique.

Je ne suis pas un expert philatéliste (même ayant une collection de timbres étant petit), mais je les ai volontiers aidé en leur ouvrant la pièce dédiée à la philatélie, ainsi qu’en regardant le timbre et son oblitération. Il s’agissait (et s’agit toujours) d’une colombe de Bâle, oblitérée en date de l’année 1845, timbre que je savais rare et précieux. (suspense – maintenant, tout de suite!)

Certaines colombes de Bâle, avec le dessin en relief, pèsent leur pesant en or. Nous examinons ce timbre, nous étudions le contexte et comparons avec d’autres exemplaires du musée. Je leur met à disposition un espace au musée, leur donne le numéro de téléphone de Zumstein, maison d’édition et d’experts en philatélie. Je leur donne également différents catalogues de philatélie rassemblant photographies de timbres rares et moins rares et donnant leur valeur en francs suisses.

Après tumultes, silences et recherches, il s’avère que ce timbre poste de 1845 (« dans la famille depuis longtemps » me dit-on), emballé dans une fourre plastique banale, porté sous le bras sans grande précaution ou sécurité, ce timbre, ben voyez, il vaut quelques 100’000 FRANCS! Juste ça. Je l’avais sous la main!

Notre joie contenue, leur joie surtout probablement (moi j’étais plutôt totalement sur le cul!), nous nous dirent au revoir, eux prenant rapidement rendez-vous chez un expert de ce nom. Ah, et ils m’ont demandé une carte avec mes coordonnées et mon numéro de téléphone : « Nous vous contacterons, c’est sûr », me dit ce très cher monsieur. Je souris et je les remercie.

J’aime les histoires, surtout celles à plusieurs chapitres. Haletantes. Surprenantes.

Quelques semaines plus tard, je suis à nouveau communicateur au Musée de la communication, et voici les nouvelles fraîches qui me sont contées:

Une belle histoire d’amour et d’amitié – nouvelle – peut-être, entre ce couple romand, une colombe de Bâle, et moi-même. Une partie à trois. C’est pas tous les jours.

Rappel: la colombe de Bâle vaut quelques 96’000 francs suisses selon le catalogue Zumstein.

Le couple a voyagé dans toute la Suisse, a traversé – à plusieurs reprises! – la barrière de rösti, et s’est finalement retrouvé dans un bureau exigu à Zürich face à un philatéliste – suisse-allemand – et expert très sérieux. Très sérieux. Il a pris le timbre d’une pincette (on dit une Brucelles) avec précaution, il a examiné l’affranchissement, le burelage, le cachet, le centrage, la dentelure, la date d’émission, la faciale, – vous en voulez encore des mots compliqués philatéliques ? – la flamme, le roulage, le gaufré, le millésime, le perçage, la charnière, la variété, le trucage, le truqué, … le faux. Il est examiné notre colombe. Enfin, c’est pas vraiment la mienne. Mais depuis, je l’aurais comme adoptée. 

Attention. 

L’oblitération de la colombe de Bâle qui m’est passée entre les mains en automne dernier au Musée de la communication date du 5 février 1845.

La colombe de Bâle – tout le monde ici le sait, n’est-ce pas? – la colombe de Bâle a été mise en circulation le 1er juillet 1845.

Et merde.

5 mois plus tard. Truqué. Faux. Émission, oblitération faussée. Ce timbre est un faux. Ce timbre est un faux, mais l’histoire et l’aventure sont vraies, l’expérience humaine et l’échange sont vrais. Je suis aujourd’hui riche, riche d’une expérience inoubliable, honnête, vraie. Un top.

Au Musée de la communication, il y a des communicatrices et des communicateurs qui sont présents dans l’exposition pour interagir avec le public. Je suis l’un d’entre elles et eux. Nous avons développé un flair pour les relations humaines, nous nous attelons à la tâche non moins difficile de communiquer. Et vu que chaque personne communique et a des besoins différents, notre boulot est très dynamique, surprenant, pas évident. Nous développons des concepts participatifs et interactifs, des visites guidées et des workshops. Chez nous, faut le dire, c’est pas mal. On s’ennuie pas, et si on veut sa paix, on l’aura aussi. Pas obliger de communiquer. Le Musée de la communication, avec sa nouvelle exposition permanente lancée en 2017 a réussi la pari (prix du musée 2019 du Conseil de l’Europe) de faire un musée vivant où la communication n’est pas seulement thématisée, mais vécue. Alors faire un tour vaut la peine! Intéressé-e à travailler à mes côtés? Je donne volontiers plus d’informations!

Posted in Histoires

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