Menu Fermer

Acheter local

Tout-petits, nous allions chez le maraîcher du coin chercher des légumes. Je me rappelle avoir toujours eu le droit de croquer dans une carotte pendant la promenade à pied ou le retour en voiture. Le goût de cette carotte reçue par la maraîchère restera à tout jamais gravé dans mes papilles. De l’amertume, un peu, surement pas trop, car les enfants n’aiment pas les choses amères. Un peu un goût de terre, ce goût que j’associais au champs. Du sucre, du goût. Un goût de carotte. Rien de plus compliqué. Du goût.

Aujourd’hui, je sais que les carottes ne goûtent pas partout la même chose et surtout, cela dépend de la saison à laquelle on les mange. Les carottes lavées qui on passé l’hiver dans les frigos, au printemps, en ce moment donc, elles n’ont plus grand goût. Un ami me disait que les carottes de la gamme unique de la Coop ont plus de goût que les autres. Peut-être parce qu’elles sont difformes? Peut-être car elles sont restées plus longtemps stockées dans de la terre?

Ce goût de carotte, je l’ai perdu au fil des années. Nous n’allions plus chez la maraîchère et le marché était devenu très occasionnel. Le rythme de la vie, l’emploi du temps de la famille, entre le sport et l’école, nous n’allions plus acheter local en direct, mais ma maman allait à la Migros. Elle achetait aussi local. Et c’était très bon quand même.

Plus tard pourtant, des valeurs retrouvées, une sensibilité différente, des besoins différents, un emploi du temps adapté, tout ceci nous a ramené vers le local direct. Nous avons découvert la ferme Les Sapins, la famille Gay du domaine de la Condémine, puis la famille Cuendet avec Marco, alors pas encore rejoint par son grand frère. C’était un plaisir de discuter autour des légumes, de pouvoir choisir entre les tous petits choux et les tous gros, et de découvrir des nouvelles variétés de courges, de pommes, de feuilles de salade. Je découvre alors le mesclun. Et je tombe amoureux.

C’est ensuite, en étant sur Lausanne plus régulièrement, que je remarque que le « petit » maraîcher de Bremblens était moins petit que ce que je pensais, et qu’il était plutôt bien connu! Nous étions gâté, le jeudi après-midi, seuls (enfin, pas totalement, mais bien plus seuls qu’au marché de Lausanne), se voyant offrir une botte d’herbes fraîches à chaque visite, de temps à autre un verre de blanc pour l’apéro. Il y avait de la musique. Les poules courraient entre les étals. On nous montrait les plantons qui poussaient au chaud. Aujourd’hui, ma maman va toujours acheter ses produits frais chez ces producteurs. Elle se plaint (un peu) des citadins qui viennent à la campagne acheter des légumes, car le marché, faute de confinement covid19, n’a plus lieu [update: il a à nouveau lieu depuis le 27 avril]. Alors, les habitudes changent et les relations humaines ne sont plus guère ce qu’elles étaient. Mais tout reviendra à la normale, un jour. Et peut-être que c’est pas si mal finalement.

Il est indiscutable: acheter en direct nécessite plus de temps que d’acheter chez un revendeur, aussi gros qu’il soit. Les avantages n’ont pas de prix: le goût est différent, soit parce que les légumes ou les fruits sont (généralement) plus frais et ont subi moins de transports et manutentions (pas toujours, et ça dépend chez qui – demander quels légumes sont de production propre est important pour choisir en connaissance de cause!), soit parce que nous vivons de manière très subjective et, personne ne dira le contraire, les légumes que l’on fait pousser soi-même seront toujours meilleurs que les autres. Donc quand on connaît la maraîchère ou le producteur, le légume a un goût différent. Il est meilleur. Enfin. Moi, je trouve.

Acheter en direct, c’est aussi avoir la possibilité de poser des questions, sur la cuisson ou le mode de préparation de certains produits. D’en apprendre plus sur les cultures et les conditions agraires, les traitements naturels ou de synthèses.

Alors, pour le cadeau d’anniversaire d’une amie, j’ai cherché dans un rayon de 15 kilomètres autour de Lausanne tous les producteurs (principalement en bio, ce qui réduit la liste) chez qui l’on pouvait acheter des produits frais en direct.

Le début d’une aventure!

Sortir un compas, une carte en papier et tracer une ligne bien épaisse.

Prendre la voiture ou le (cargo-) vélo (avec un gros sac à dos!) et aller de village en village pour découvrir les merveilles qui sont proposées: la charrette à légumes avec une petite tirelire pour déposer ses sous, le selecta à fromages où l’on peut payer avec la carte de crédit, l’étal dans une cave bien fraîche où l’on règle avec twint, le producteur qui ouvre ses portes et fait déguster ses produits, les caisses à pommes et pommes-de-terre au bord de la route, bref, il y a mille variantes pour se procurer tout ce qui fait plaisir à son palais, sans mettre un pied dans un supermarché! Des farines, des pâtes, du miel… des fromages, de la viande, de l’huile, des oléaginaux et des légumineuses, …

Du coup, en vadrouille! Lors d’une balade dans la campagne ou dans les montagnes, quelques sacs en plastique ou en toile dans son sac, sur le chemin, on cueille et rassemble des produits locaux et du terroir, on s’amuse à découvrir des asperges violettes ou des pommes-poires (ou des poires ananas!), et en fait, on passe du bon temps en faisant les courses et l’on se réjouit déjà du souper, voire du petit déjeuner avec la tresse du boulanger (ou la salée au sucre? Ce dessert bien vaudois!).

Et finalement, on a bien de la chance. On aurait même pas vraiment besoin de se déplacer, en fait. Car beaucoup de maraîcher·ère·s viennent à nous. Dans les villages ou les centres urbains, sur les marchés et dans les épiceries du coin. Il y a de nombreux sites qui recensent les marchés à la ferme ou les marchés en ville.

Prochaine étape toutefois: la carte de la ville de Berne avec toutes ces (petites) fermes dans un rayon de 5 km (on réduit!). D’ailleurs, 15 km, c’était beaucoup trop large. Au murs de la ville olympiques, les fermes voisines sont nombreuses! Pas besoin d’aller si loin! Et la recherche a déjà été faite par les gourmand·e·s lausannois·e·s de Lausanne à Table. Alors, on essaie autre chose?

Posted in Alimentation

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de confidentialité, ainsi que les Conditions de service Google s’appliquent.